Un enregistrement sonore explosif
Livraison de Taurus : les Russes ont-ils mis sur écoute des officiers ?
Un enregistrement sonore explosif provoque des remous en Allemagne : des passages supposés d'une conversation d'officiers allemands sur une éventuelle mission Taurus en Ukraine ont été découverts en Russie. Le ministère allemand de la Défense enquête désormais sur des soupçons d'espionnage.
Le prétendu enregistrement d'une réunion interne d'officiers de l'armée de l'air a été publié par des canaux de propagande russes - il s'agirait d'un enregistrement authentique, selon des informations du ministère de la Défense citées par le "Spiegel".
"L'Office fédéral du service de contre-espionnage militaire (BAMAD) a pris toutes les mesures nécessaires", a en tout cas fait savoir une porte-parole du ministre de la Défense Boris Pistorius au sujet de cette possible panne de l'armée allemande.
Pas de feu vert politique
L'enregistrement porterait entre autres sur la question de savoir si les missiles Taurus seraient techniquement capables, en théorie, de détruire le pont construit par la Russie sur la péninsule de Crimée. Un autre point de la discussion serait de savoir si l'Ukraine pourrait procéder à des tirs sans la participation de la Bundeswehr. Toutefois, on entend également dans l'enregistrement qu'il n'y a pas de feu vert au niveau politique pour l'intervention.
La Russie estime qu'il s'agit d'un "aveu de culpabilité"
Le ministère russe des Affaires étrangères a exigé des explications de la part du gouvernement allemand après la conversation prétendument interceptée. "Les tentatives de contourner les réponses seront considérées comme un aveu de culpabilité", a écrit la porte-parole Maria Zakharova sur son canal Telegram. Parallèlement, Margarita Simonjan, la directrice de la chaîne publique russe RT, a publié un enregistrement audio de l'entretien d'une trentaine de minutes. Elle n'a pas précisé comment Simonjan avait obtenu ces enregistrements.
Scholz de plus en plus dans l'embarras
Mais l'enregistrement met également le chancelier allemand Olaf Scholz (SPD) dans l'embarras - il avait en effet refusé une éventuelle livraison de Taurus à l'Ukraine au motif qu'il fallait des soldats allemands en Ukraine pour tirer les missiles de croisière. Les généraux dans l'enregistrement partent en revanche du principe que l'Ukraine pourrait les utiliser seule.
L'enregistrement qui a refait surface permet de tirer deux conclusions possibles : soit Scholz ne fait pas suffisamment confiance à l'Ukraine et invoque une prétendue présence nécessaire de soldats allemands pour justifier son refus, soit il dit tout simplement des contre-vérités. Dans les deux cas, le chancelier ne se présente pas sous un jour particulièrement favorable.
Le chancelier a-t-il révélé des informations secrètes ?
La raison donnée par Scholz pour justifier son refus a également suscité récemment l'irritation de la Grande-Bretagne. "Ce qui est fait en matière de pilotage par objectifs et d'accompagnement du pilotage par objectifs de la part des Britanniques et des Français ne peut pas être fait en Allemagne", a déclaré le chancelier. Il n'a pas précisé ce qu'il entendait exactement par là.
La phrase a toutefois été interprétée par certains comme une indication que les Français et les Britanniques soutiendraient le guidage de leurs missiles de croisière Storm Shadow et Scalp livrés à l'Ukraine avec leurs propres forces.
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